Memoires de l'exil [19770] |
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Posté le : 01/06/2020 à 17:20 (Lu 1885 fois) | | | Chers amis
j'ai remis en ligne pour ceux que ça intéresse le forum
de nos souvenirs du départ de notre Algérie
Séquence nostalgie
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Re: Memoires de l'exil [19775] |
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Posté le : 04/06/2020 à 10:36 (Lu 1847 fois) | | | GRAND MERCI DD
Le forum "Mémoire de l'Exil" celui de notre exil, c'est surtout une séquence EMOTION en relisant tous ces écrits et en pensant à toutes celles/ceux qui y ont contribué en nous faisant le récit de leur vécu. Nombreuses/eux nous ont quittés dans l'espace de ces 8 dernières années, mais restent dans nos c½urs et nos pensées.
MERCI pour ces témoignages poignants qui expriment bien les souffrances du départ et les difficultés rencontrées pour retrouver une vie normale.
Aujourd'hui je ne peux qu'être sarcastique quand j'entends la "gente bobo, gaucho, parigot" s'étaler sur les terrasses et clamer la fin du martyr de son confinement. Pauvre France ! A les entendre, on est le 25 août 44 et le bruit des bottes s'éloigne... Ils ne veulent pas entendre les vociférations abrac-Adama-tesques au-delà du périphérique à Clichy... Quel aveuglement ! quelle inconscience !
JPS
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Re: Memoires de l'exil [19777] |
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Posté le : 04/06/2020 à 11:41 (Lu 1843 fois) | | | Ces générations n'ont rien connu !
Bien d'accord avec toi JP S.
Danièle
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Re: Memoires de l'exil [19779] |
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Posté le : 04/06/2020 à 14:30 (Lu 1837 fois) | | | C'est vrai que c'est poignant !! dire que ce sont nos parents et nous qui avons vécu cette histoire
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Re: Memoires de l'exil [19815] |
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Posté le : 13/06/2020 à 16:44 (Lu 1788 fois) | | | En 2012, j'avais déjà lu chacun de vos récits poignants. Merci d'avoir actualisé ce sujet, j'apporte aujourd'hui mon humble contribution à notre histoire.
Dans ma tête d'enfant le début de la fin a commencé quelques jours après le 5 juillet 1962, précisément quand le drapeau français est descendu lentement au son de la trompette de mon père. Cette sonnerie, bouleversante, résonne encore dans ma tête. Je reste persuadée que c'était la 'sonnerie aux morts' ? visages tristes, les yeux embués, c'est dans un silence religieux que mon père a rangé sa trompette. C'est la dernière fois que j'ai entendu le son si habituellement joyeux de cet instrument.
Un beau matin de septembre 1962, la voiture chargée de valises nous partîmes... pour un périple ? Mes parents avaient décidé de dire "adieu"à leur pays et à leurs morts. Avec le recul ce fut une folie ! Des barrages et contrôles d'identité dont certains nous ont laissé des souvenirs "impérissables" ... Pas un souffle ne sortait de notre bouche sur des distances qui nous semblaient interminables dans des paysages arides brulés par le soleil .. La crainte de mes parents était à couper au couteau tellement nous la sentions. A l'arrivée dans leur village, ma mère n'attendit même pas que la voiture s'arrête pour ouvrir sa portière, "contrariée" (le terme restera modéré) de voir que sa maison natale était devenue la gendarmerie ! là où elle avait mis au monde ses deux ainés et qui dans l'imaginaire de mes parents devait accueillir une retraite paisible et bien méritée, le "retour aux sources" fut violent. La grande majorité de notre famille avait déserté les lieux. Plus de cousins, plus de rires ! J'ai un souvenir tenace : Les "adultes" chuchotaient et d'ailleurs c'était la règle depuis 1957 ? J'ai compris beaucoup plus tard que les parents nous préservaient et que les miens avaient payé un lourd tribut pendant cette période. La route qui nous ramena vers Constantine ne me laisse que la vision de la mer et "Fort de l'eau" ... Nous avions certainement longé la côte ?
Le cercle de mes camarades se rétrécissait et l'insouciance de l'enfance ne voyait pas les tracasseries du départ. Finalement à l'aube du 12 octobre 1962, nous avons pris un avion, une caravelle, il me semble ? Le jour était à peine levé quand nous avons survolé notre belle ville, tous les regards étaient rivés aux hublots. Un passager à côté de moi m'a dit "regarde Constantine, petite, c'est peut-être la dernière fois que tu la vois" !
Le jour de mon anniversaire, l'arrivée à Marignane où un jeune qui avait fait son service militaire sous le commandement de mon père, et natif de Gardanne, nous a chaleureusement accueilli dans un hôtel restaurant tenu par ses parents, le temps de récupérer la voiture qui arrivait par bateau.
Direction la Haute-Garonne, dans la "403 pigeaud" chargée jusqu'au plafond, cinq frères et soeurs entassés, parents épuisés, l'accueil reste mémorable car la première parole entendue fut : "Ah vous n'arrivez pas comme tous ces colons plein de pognon" ! Le décor était planté, bienvenus dans cette France que nous avions tant "idolatrée". Six mois après, par chance notre cadre est arrivé, les ainés, séparés pour la première fois de la fratrie, avaient trouvé du travail dans d'autres départements. Le temps était à la reconstruction et comme les sons de la trompette de papa et du violon de maman, nos bouches se sont fermées pour longtemps.
Bien amicalement à tous mes compatriotes
A.Larroque
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Re: Memoires de l'exil |
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Posté le : 13/06/2020 à 18:53 (Lu 24 fois) | | | Nos familles ont souvent été dispersées, nos projets durent être radicalement revus, certains ont du faire face à d'impossibles deuils, beaucoup à un accueil froid ou sarcastique, nous sommes tus, nous avons serré les dents, nous nous sommes mis au travail et nous avons fait notre chemin; Les cités dans lesquelles beaucoup ont atterri beaucoup d'entre nous sont celles (pour ma famille ce fut la barre de Cristal Résidence à Toulouse) que l'on décrit aujourd'hui comme d'horribles camps de concentration qui engendrent naturellement la délinquance et la révolte. Nous nous en contentâmes, heureux d'avoir chambres, salle de bain, toilettes, balcon et ascenseurs, nous ne nous en sommes jamais plaints et nous les avons respectées, si nous en sommes partis une fois notre sort amélioré par notre travail et notre ténacité. L'histoire un jour sera écrite, de la réadaptation admirable d'une population éprouvée, parfois durement, déstabilisée, déracinée et exilée, méprisée et calomniée par beaucoup, et de sa participation à l'essor du pays. Cette population là, fut, elle, "une chance pour la France".
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Re: Memoires de l'exil [19821] |
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Posté le : 14/06/2020 à 10:24 (Lu 1756 fois) | | | Anne Larroque merci pour ce récit familial, témoignage qui nous raconte votre départ d'Algérie en 1962.
Oui," avec le recul ce fut une folie" de faire un aller/retour Constantine -Alger en voiture alors que des familles se faisaient intercepter et tuer sur place pour se faire voler leur véhicule par des "incontrôlés " comme le dira le commissaire FLN qui prenait la déclaration de vol de mon père , braqué et sorti brutalement de sa 403 quelques heures auparavant pour remettre les clés de la voiture à des hommes en uniforme et en armes....
Si je comprends bien votre maman était native de la région algéroise ?? Dans quel établissement à Constantine se déroulait la cérémonie de la descente des couleurs, et où votre père a interprété la sonnerie réglementaire?
Etes vous née à Constantine ou sa région ?
Bien à vous et bonne journée,
JPS
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Re: Memoires de l'exil [19824] |
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Posté le : 15/06/2020 à 10:03 (Lu 1720 fois) | | | C'est dommage, ce beau récit aurait eu sa place dans l'autre forum. Avec la permission d'A.Larroque, je peux le dupliqué pour qu'il rejoigne les témoignages de notre misère
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Re: Memoires de l'exil [19825] |
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Posté le : 15/06/2020 à 18:27 (Lu 1693 fois) | | | Mais faites comme chez vous C'est vous le "Boss"
Pour répondre à JPS, mes parents étaient originaires de Trezel (sougueur) dans le département d'Oran où je suis née sous le prénom d'Annie. Pour la petite histoire je dois ce prénom à Annie Cordy qui avait fait une tournée à Oran dans les années 50.
Ma dernière soeur est née à Constantine en 1958. Cette ville reste pour moi la dernière image de mon pays et ce site le gardien de ma mémoire.
La descente des couleurs a eu lieu à la caserne Fourcade sur le plateau du Mansourah.
Monsieur Lamy, oui les cités de 1962 étaient des palaces ... nous avons enfin connu l'eau chaude dans la salle de bain, adieu à la dangereuse flambée d'alcool ! et enfin, sans aucune prétention, nous avions déjà été une chance pour le développement de l'Algérie, ce pays que nous avons tant aimé et sans nul doute, notre capacité à rebondir a été une chance pour la France. C'est ma vérité, celle que je raconte à mes enfants et petits enfants.
Bien amicalement
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Re: Memoires de l'exil [19870] |
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Posté le : 04/07/2020 à 10:56 (Lu 1647 fois) | | | Le récit est sur le forum "souviens toi"
Amitiés
DD
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